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Le bon usage des parfums d’intérieur



Espace Environnement - conférence du 22/02/22 - Charleroi Ville Santé

Dans notre société influencée par la publicité, avoir un logement propre rime avec « bonnes odeurs ». C’est pourquoi, la moindre action de nettoyage ou de confort (ambiance relaxante) s’accompagne souvent de produits chimiques qui « sentent bon ». Or, « le propre » par exemple, n’a pas spécialement d’odeur caractéristique. Tâchons d’en savoir plus.

Que respire-t-on exactement quand on utilise ces produits ?
Leur utilisation présente-t-elle un risque pour la santé ?

On distingue 2 types de parfums d’intérieur : les produits non combustibles (vaporisateurs et aérosols, diffuseurs automatiques, gels diffuseurs, bâtonnets imbibés de parfum…) et les produits combustibles (bougies parfumées, encens…). Si tous deux émettent des Composés Organiques Volatils (COV) [1] , les produits combustibles se distinguent par l’émission de produits caractéristiques résultant de la combustion comme des particules fines et des oxydes d’azote.
Beaucoup de ces substances émises sont problématiques voir dangereuses pour la santé. Certaines sont irritantes (linalol, acroléine…), d’autres sont reconnues comme cancérigènes (formaldéhyde, benzène) ou perturbateurs endocriniens (phtalates).

Sont-ils un problème pour la qualité de l’air intérieur et la santé ?

Désodorisants (non combustibles)

En France, une récente étude, de 2020, de l’INERIS [2] (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) a analysé l’émission de COV de 25 désodorisants (non combustibles) du commerce. 120 COV ont été identifiés dans les émissions de ces produits désodorisants. Les concentrations moyennes en COVT (COV totaux) les plus importantes étaient émises par les diffuseurs électriques (jusqu’à 7000 µg/m³, 1 à 2h après utilisation).

L’étude conclut cependant que pour une utilisation courante, « dans la moyenne », et légèrement supérieure à cette moyenne, les expositions peuvent être considérées comme non préoccupantes dans les conditions de mesure mises en place.

Pour plus d’infos concernant les produits non combustibles, consultez notre article Produits bien-être non combustibles et qualité de l’air intérieur.

Produits combustibles
Une étude similaire a été réalisée pour les bougies parfumées et encens [3]. Les émissions de polluants volatils et particulaires de 9 bâtons d’encens et 9 bougies parfumées ont été analysées et les risques sanitaires évalués.

Pour des scénarios d’utilisation dans la moyenne, les expositions peuvent être considérées comme non préoccupantes dans les conditions de mesure de l’étude. Plusieurs dépassements des valeurs guides, principalement pour les encens, ont cependant été observés pour les expositions légèrement supérieures à la moyenne, qui correspondent à l’utilisation d’une bougie par jour ou d’un bâton d’encens tous les 2 jours.

En résumé

D’après ces études, l’utilisation des parfums d’intérieur présente peu de risque pour la santé. Cependant, il ne faut pas oublier que :

  • il existe souvent d’autres sources de COV à l’intérieur du logement ! On peut citer pour exemples : les peintures, vernis, colles, revêtements de sol, les produits d’entretien, les cosmétiques… Prise séparément, chaque source peut être faible et sans risque. Une fois additionnées, les conclusions peuvent changer ;
  • il n’y a pas que les COV, une multitude d’autres substances sont diffusées dans l’air intérieur ;
  • les cocktails de polluants peuvent engendrer des effets sur la santé ;
  • nous passons beaucoup de temps dans des environnements intérieurs, exposés à ces mélanges.


En conclusion, prudence lorsque vous utilisez des parfums d’ambiance, surtout en présence de personnes sensibles (enfants, femmes enceintes, personnes asthmatiques…). Préférez :

  • le traitement d’une mauvaise odeur directement à sa source ;
  • l’aération qui reste le meilleur moyen de se débarrasser des mauvaises odeurs.

Et si vous utilisez tout de même des parfums d’intérieur, n’oubliez pas de lire les étiquettes. Elles contiennent des informations précieuses sur la dangerosité du produit et les conditions d’utilisation. Plus d’infos sur le site https://lireavantutilisation.be/fr

Quid des diffuseurs à base d’huiles essentielles ?


Nous avons tendance à penser que les huiles essentielles, puisque naturelles, ne représentent pas un problème pour notre santé. Mais attention, naturel ne veut pas dire inoffensif !

Une huile essentielle est un mélange de 20 à 200 composés organiques [4] . Les diffuseurs d’huiles essentielles émettent dans l’air intérieur des COV, essentiellement des terpènes (COV naturels). Certains de ces COV peuvent présenter des propriétés allergisantes ou irritantes. De plus, les terpènes peuvent réagir avec des oxydants de l’air (comme l’ozone) et former notamment du formaldéhyde !

L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a émis des recommandations concernant l’utilisation des huiles essentielles :

  • Conserver les produits hors de portée des enfants.
  • S’informer sur les précautions d’utilisation.
  • Limiter les sources de polluants intérieurs.
  • Bien aérer.

Le centre antipoison belge a également rédigé un article dédié aux huiles essentielles, leurs effets sur la santé et les moyens de prévention : en consultation ici.

Quelques alternatives aux désodorisants

Pour parfumer votre intérieur de manière moins nocive, voici quelques alternatives :

  • Le pot-pourri, à condition qu’il soit constitué de morceaux de végétaux naturels et non de substrats trempés dans des parfums synthétiques.
  • Une orange piquée de clous de girofle.
  • Pour éliminer les mauvaises odeurs : utilisez le vinaigre et le bicarbonate de soude à la place de vos produits d’entretien ! Ceux-ci ont comme propriétés de désodoriser pour le vinaigre et d’absorber les odeurs pour le bicarbonate.
  • Une astuce de notre public pour se débarrasser des odeurs dans le frigo : des feuilles de laurier. A tester !



[1Molécules chimiques qui s’évaporent à température ambiante et se trouvent donc à l’état gazeux. Ces molécules volatiles peuvent se déplacer plus ou moins loin de leur source d’émission.

[2Institut national de l’environnement industriel et des risques, utilisation de désodorisants non-combustibles et qualité de l’air intérieur : enjeux sanitaires, substances d’intérêt, bonnes pratiques, Verneuil-en-Halatte : Ineris-20-200840-1997302-v1.0, 30/01/2020. Accessible ici

[3M. NICOLAS, E. QUIVET, G. KARR, E. REAL, D. BUIRON, F. MAUPETIT. 2017. Exposition aux polluants émis par les bougies et les encens dans les environnements intérieurs : Émissions et risques sanitaires associés. Synthèse. 22 pages. Accessible ici

[4Anses, Sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles à usage domestique, Mars 2020. Accessible ici

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