Dans notre société influencée par la publicité, avoir un logement propre rime avec « bonnes odeurs ». C’est pourquoi, la moindre action de nettoyage ou de confort s’accompagne de produits chimiques de synthèse qui « sentent bon le propre ». Mais pas que ! Parfois les parfums sont aussi utilisés juste pour installer une ambiance relaxante.
Pshiiiit… Aaaaah, enfin, on respire ! Mais, on respire quoi, au juste ?
Il s’agit des produits désodorisant ou parfumant l’air intérieur grâce à un principe mécanique ou électrique. Il s’agit donc des produits de type :
Les substances émises par ces systèmes sont les Composés Organiques Volatils (COV) [1]. Une multitude d’entre eux peuvent être émis, notamment :
Certaines de ces substances sont irritantes (limonène p.ex.), ou encore, cancérigènes (formaldéhyde, benzène) [2].
En Belgique, la Flandre a mis en place, dans son arrêté sur l’environnement intérieur, une valeur guide pour les COV de 200 µg/m³ (concentration moyenne en COV totaux (COVT) max pour garantir une bonne QAI) [3].
Le document du conseil supérieur de la santé « Indoor air quality in Belgium » (2017), qui compile les résultats de concentration de polluants en air intérieur obtenus via plusieurs études, montre que les concentrations en COVT varient de 63 à 490 µg/m³ dans des habitats ne recensant aucune plainte relative à la santé [4].
En France, une récente étude, de 2020, de l’INERIS [5] (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) a étudié l’émission de COV sur 25 désodorisants du commerce. 120 COV ont été identifiés dans les émissions des produits désodorisants. Les concentrations moyennes en COVT (COV totaux) mesurées étaient les plus importantes pour les diffuseurs électriques (jusqu’à 7000 µg/m³, 1 à 2h après utilisation). C’est 5 fois plus que la plus haute concentration en COVT enregistrée dans les études belges citées ci-dessus.
L’étude conclut cependant que pour des utilisations dans la moyenne et légèrement supérieure à la moyenne, les expositions peuvent être considérées comme non préoccupantes dans les conditions de mesure mises en place.
Les tableaux ci-dessous reprennent la définition d’une utilisation moyenne et au-dessus de la moyenne dans le cadre de l’étude (cette valeur moyenne a été déterminée par sondage auprès de citoyens et ne correspond pas à une utilisation déterminée par des critères de santé).
Utilisation moyenne | Pièce d’utilisation | Fréquence | Autre |
Sprays aérosols | Chaque pièce de la maison | Entre 2x/3 jours dans les toilettes, 1x/mois dans une chambre | Chaque utilisation = 2 pressions d’une seconde |
Diffuseurs passifs | Toilette | En continu, 10 mois par an | |
Diffuseurs actifs | Salon | 3x/semaine pendant 40 minutes |
Utilisation supérieure à la moyenne | Pièce d’utilisation | Fréquence | Autre |
Sprays aérosols | Chaque pièce de la maison | Entre 6x/jour dans les toilettes, 1X/jour dans une chambre | Chaque utilisation = 4 pressions de 2 secondes |
Diffuseurs passifs | Chaque pièce de la maison | En continu, 11 mois par an | |
Diffuseurs actifs | Chaque pièce de la maison | En continu, 11 mois par an |
Nous avons tendance à penser que les huiles essentielles, puisque naturelles, ne représentent pas un problème pour notre santé. Mais attention, naturel ne veut pas dire inoffensif ! Il faut utiliser les huiles essentielles avec précaution, respecter les conditions d’utilisation et les dosages.
Une huile essentielle est un mélange de 20 à 200 composés organiques [6]. Les diffuseurs d’huiles essentielles émettent dans l’air intérieur des COV, essentiellement des terpènes (COV naturels). Certains de ces COV peuvent présenter des propriétés allergisantes ou irritantes. De plus, les terpènes peuvent réagir avec des oxydants de l’air et former notamment du formaldéhyde !
L’ANSES (Agence Nationale de sécurité sanitaire alimentaire, environnement, travail) a publié, en mars 2020, un avis sur les diffuseurs d’huiles essentielles [6]. L’agence a analysé les appels aux Centres antipoison français concernant l’utilisation de diffuseurs à base d’HE entre le 01/01/2011 et le 08/03/2019. 4114 cas ont été identifiés. Les problèmes observés sont : irritation des yeux, des voies respiratoires (bouche, nez, gorge…), toux, difficultés respiratoires.
L’étude a montré que de nombreux cas d’intoxication étaient dus à des expositions accidentelles, impliquant le plus souvent de jeunes enfants.
Suite à cette étude, l’ANSES a émis des recommandations concernant ces systèmes :
Elle rappelle également « De façon générale, pour prévenir les risques liés à une mauvaise qualité de l’air intérieur, il convient en premier lieu, de limiter les sources de polluants intérieurs et en second lieu de ventiler et aérer les espaces clos. Cette recommandation s’applique également à l’utilisation de sprays ou diffuseurs à base d’huiles essentielles. »
Le centre antipoisons belge a également un article dédié aux huiles essentielles, leurs effets sur la santé et les moyens de prévention : en consultation ici.
L’utilisation de ces systèmes ne présente à priori pas trop de danger. Cependant, il ne faut pas oublier que :
En conclusion, prudence lorsque vous utilisez des parfums d’ambiance, surtout en présence de personnes sensibles. Préférez :
Et si vous utilisez tout de même des parfums d’ambiance, n’oubliez pas de lire les étiquettes et d’aérer pendant et après utilisation (mais alors.... Pourquoi parfumer - cqfd !).
Pour parfumer votre intérieur de manière moins nocive, voici quelques alternatives :
[1] Molécules chimiques qui s’évaporent à température ambiante et se trouvent donc à l’état gazeux. Ces molécules volatiles peuvent se déplacer plus ou moins loin de leur source d’émission. Pour plus d’informations, consultez nos articles ici et ici
[3] Arrêté du gouvernement flamand contenant des mesures de lutte contre les risques de santé par la pollution intérieure. 11 juin 2004. Accessible via : http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/change_lg.pl?language=fr&la=F&cn=2004061172&table_name=loi
[4] Conseil Supérieur de la Santé. Indoor air quality in Belgium. Bruxelles : CSS ; 2017. Avis n° 8794. Accessible via : https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/css_8794_avis_iaq.pdf
[5] Institut national de l’environnement industriel et des risques, utilisation de désodorisants non-combustibles et qualité de l’air intérieur : enjeux sanitaires, substances d’intérêt, bonnes pratiques, Verneuil-en-Halatte : Ineris-20-200840-1997302-v1.0, 30/01/2020. Accessible via https://www.ineris.fr/sites/ineris.fr/files/contribution/Documents/Rapport-Ineris-20-200840-1997302-v1-MTES-BSE_DNC_complet.pdf
[6] Anses, sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles à usage domestique, Mars 2020. Accessible via https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2018SA0145Ra.pdf
[7] Deschamps, C., Sas, R., Parfums d’ambiance. N’en faites pas une utilisation régulière. Test Santé, n°117, p. 28-31, 2013
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