Généralités
On les appelle aussi "cafards" ou "cancrelats"
Les blattes que l’on rencontre dans nos habitations proviennent toutes des régions tropicales. Ceci explique qu’elles peuplent préférentiellement les endroits chauffés.
Les blattes sont parmi les plus grands insectes qui vivent dans les habitations. Elles ont le corps aplati et leur coloration varie du jaune au noir, en passant par le brun. Leurs antennes, très longues, sont filiformes et leurs pattes sont fortement épineuses.
Les blattes sont omnivores avec une préférence pour les substances contenant de l’eau et du sucre. Elles s’attaquent donc à toutes les denrées alimentaires. Certaines se nourrissent aussi d’excréments. D’autres rongent également le papier et le cuir sans toutefois commettre de dégâts notables.
Les blattes sont nocturnes et lucifuges. La nuit, dès qu’on éteint la lumière, elles quittent les refuges (ce sont plus particulièrement des fentes et des crevasses, dans les endroits chauds), où elles se cachent durant le jour. Le fait de les voir se déplacer pendant la journée est généralement l’indice d’une prolifération importante, les animaux ne trouvant pas suffisamment d’endroits pour s’abriter.
Les blattes peuvent souiller nos aliments avec leurs excréments et les contaminer avec des bactéries (par exemple des Salmonella et des Escherichia) , des moisissures, des acariens, etc., qu’elles transportent sur le corps. Le plus souvent, elles répandent une odeur nauséabonde.
Les blattes sont des insectes à métamorphose incomplète. Les oeufs sont enfermés dans une capsule appelée " oothèque " , que la femelle transporte accrochée à son abdomen pendant un temps plus ou moins long.
Modes de dispersion et prophylaxie
Les blattes sont introduites dans les maisons par l’intermédiaire de toutes sortes d’emballages, boîtes, cartons, bacs à bouteilles, caisses de légumes et de fruits exotiques, dans lesquels se cachent larves et adultes et où sont fixées les oothèques. Leur propagation peut aussi se réaliser par les sacs à main, les paniers et les valises ayant séjourné dans un endroit infesté (restaurants, hôtels, etc.). Lors des étés très chauds, les blattes peuvent sortir de l’habitation qu’elles infestent et pénétrer dans des bâtiments voisins ou envahir des habitations à partir des décharges.
Un examen attentif des emballages provenant de régions chaudes ou de locaux contaminés est requis afin d’y déceler des blattes ou des oothèques.
Quelques mesures d’hygiène, simples, sont recommandées :
garder les sols propres, vider régulièrement les poubelles, conserver les produits alimentaires dans des emballages bien fermés et ne pas laisser traîner des restes de nourriture ;
maintenir au frais les produits alimentaires de réserve (on obtient déjà de bons résultats en-dessous de 18 ° C) ;
colmater les fentes, fissures et crevasses ;
recouvrir de terre les déversages d’ordures ménagères.
Principales espèces en Belgique
En Belgique, quatre espèces sont régulièrement signalées dans les maisons et les entrepôts. D’autres espèces se rencontrent aussi dans la nature mais elle ne causent absolument aucun désagrément.
Il est important de bien distinguer les quatre espèces. D’une part, parce que chaque espèce montre une préférence pour un milieu déterminé et présente un cycle vital particulier. D’autre part, parce que c’est sur une identification correcte des espèces que repose l’emploi de méthodes de lutte adéquates.
La blatte germanique
C’est l’espèce la plus commune en Belgique. On la rencontre dans les habitations, boulangeries, hôtels, restaurants, cuisines, écoles, hôpitaux, bâteaux, casernes et décharges.
Les adultes mesurent un peu plus d’un centimètre de longueur. Ils sont de couleur jaune paille à brun clair, avec deux bandes longitudinales noires sur le thorax. Mâles et femelles sont ailés mais ne volent qu’exceptionnellement. Les larves sont plus petites et plus sombres.
Les femelles transportent les oothèques pendant un temps assez long. Chaque oothèque contient de 30 à 40 oeufs dont l’incubation dure de deux à cinq semaines, selon la température. Le cycle vital complet dure au minimum deux mois à 30 ° C. Il s’allonge significativement à des températures plus basses. La température de développement optimale se situe entre 25 et 30 ° C. Ces blattes ne survivent pas au gel.
L’espèce préfère les locaux chauds et humides, comme les cuisines (humidité et nourriture), derrière les réfrigérateurs ou dans les armoires, et les chaufferies, à proximité des thermostats, plutôt que les pièces de séjour ou les chambres à coucher (généralement plus froides). Ces blattes se cachent dans les endroits sombres, comme les fentes, les crevasses, et de préférence bien chauffés. Elles évitent les pièces froides.
La blatte orientale ou blatte des boulangers
Il s’agit de la deuxième espèce la plus fréquemment rencontrée dans notre pays. Plus grande que la blatte germanique, elle mesure de deux à trois cm de longueur et des ailes plus courtes. Elle présente une coloration brun foncé à noir bleuâtre.
L’incubation des oeufs dure trois mois à 20 ° C. Le cycle vital complet se réalise en six mois à 30 ° C mais il peut s’étendre sur plus d’un an à 25 ° C.
Cette espèce tolère des températures plus basses que la blatte germanique et peut, par conséquent, se rencontrer dans des endroits plus frais comme les caves, égoûts, w.c., dans des fissures ou des crevasses et sous les réfrigérateurs, surgélateurs, appareils de chauffage, etc.
La blatte américaine
Rare en Belgique, on la trouve uniquement dans les boulangeries, restaurants, fabriques et autres établissements fortement chauffés. En Afrique tropicale, c’est une espèce commune tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments. Elle préfère les milieux très chauds et humides.
C’est la plus grande espèce de nos régions, sa longueur pouvant atteindre 4,5 cm. Sa couleur est brun roussâtre.
À 30 ° C, l’incubation des oeufs dure cinq semaines et le cycle vital complet s’effectue en 6 mois. Aux températures plus basses, le développement se déroule beaucoup plus lentement et nécessite plus d’une année. La survie des adultes est d’un an ou plus.
La blatte rayée
Cette espèce préfère les milieux chauds et tolère les atmosphères sèches. De telles conditions sont souvent réunies dans nos habitations modernes équipées d’un chauffage central. Au cours des dernières années, on a assisté à une augmentation spectaculaire des infestations dues à cette blatte.
Cette espèce ressemble à la blatte germanique par la taille et la couleur (particulièrement le mâle), mais les bandes longitudinales caractéristiques sont différentes. Son nom fait allusion aux deux bandes transversales jaunes de la région dorsale.
La durée du développement est légèrement plus longue que celle de la blatte germanique. L’incubation des oeufs s’effectue en cinq semaines et le cycle vital complet dure de trois à cinq mois à 28-30 °C. Le développement et l’activité seraient interrompus en-dessous de 21 °C.
Cette blatte est moins lucifuge que sa cousine germanique. On la voit, de ce fait, se déplacer pendant la journée. Étant donné qu’elle est bien adaptée aux milieux secs, on la rencontre dans les pièces de séjour, les chambres ou les bureaux (donc en absence d’eau, de lavabos ou de murs humides). On la trouve derrière les armoires et les tableaux et sur les murs. Elle s’envole quelquefois. Omnivore, elle montre toutefois une préférence pour les produits riches en amidon.
_Elle peut s’attaquer aux livres et à la colle des papiers peints.
Article écrit par Patrick Grootaert,
Chef du département d’Entomologie,
Institut royal des Sciences naturelles de Belgique
En tant que consultant et expert, le département d’Entomologie assure au public un service d’information et d’identifications d’insectes et autres petites bêtes vivant dans les habitations.
Pour plus de renseignements, contactez le Dr. Patrick Grootaert ou le Dr. Georges Wauthy
D’autres astuces provenant du "Pesticide Action Network" (PAN) Belgique pour vous débarrasser des blattes en complément de cet article :
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